Restauration du

 

«site des deux moulins de Chamboux»

 

 


L’Association «  La Pierre Levée » a procédé à la restauration complète d’un site comportantdeux petits moulins à eau, situés côte à côte, sur un des multiples bras de la Vienne, qui sourd à quelques kilomètres en amont.

 

Ce site se trouve un peu avant d’arriver au village de Chamboux à Peyrelevade  dans un vallon en plein cœur du Parc Naturel Régional de Millevaches.

Les arbres, les ronces, la boue, les éboulis avaient enseveli les moulins et les accès et le premier travail a consisté à défricher ces lieux avec l’aide de plusieurs bénévoles avant de confier la restaurations proprement dite à des artisans.

1) Un premier moulin a été restauré avec les pierres d’origine, liées à l’ancienne par un mortier de chaux et de sable, le toit de chaume a été refait et le mécanisme de meunerie, à meules horizontales, a été reconstruit à l’identique.

Ce moulin fonctionne de nouveau, produit de la farine et s’ouvre régulièrement au public (adulte et scolaire) au cours de journées axées non seulement sur la découverte du patrimoine rural, mais également sur la connaissance de la faune et de la flore de cet territoire particulièrement riche en sources, cours d’eau, marécages et tourbières mais fragile.

3) la consolidation du réseau hydraulique afférent .

 

L’eau de « la petite Vienne » utilise son lit naturel et des canaux faits à la main pour arriver en force sur les roues des moulins.

Le bief a dû être recreusé entièrement, l’eau n’arrivant plus du tout au moulin à farine

La difficulté de ce travail a résidé  dans le fait qu’il n’a pu être accompli qu’avec beaucoup de précaution pour ne pas nuire à un environnement fragile

La complète réalisation de ce projet met en valeur ce site emblématique du Plateau de Millevaches

 

 

Le moulin siamois du Rat

 

Le projet consistait à sauver de la destruction définitive un curieux moulin comportant en réalité deux moulins séparés par une seule cloison de pierres et possédant chacun son propre canal d’arrivée d’eau provenant d’un bief aujourd’hui visible mais qui n’est plus alimenté, le ruisseau y afférant ayant été laissé à l’abandon. On pourrait parler de « moulins siamois », l’un produisait de la farine et l’autre du chanvre.

 

L’objectif n’est pas de remonter entièrement ce moulin et de le faire fonctionner mais de consolider les murs jusqu’à la hauteur existante .Une chape de béton recouverte de pierres et de mousse sera construite afin d’empêcher la pénétration de l’eau qui continue actuellement à saper ce qui reste de l’édifice.

Par ailleurs, le bief et les canaux d’amenée d’eau seront dégagés et les pierres manquantes seront remplacées, de manière à ce que le site soit « lisible » et témoigne d’une activité liée à la fois à l’alimentation de base et au textile de base lui aussi, puisque nous avons encore dans les greniers de nos « grands-mères » des draps ou des torchons de chanvre, des cordes etc…

Un pupitre en inclusion, résistant aux intempéries, sera fixé à l’extérieur de manière à informer les visiteurs sur le fonctionnement de ce moulin et sur l’histoire des moulins de Haute-Corrèze, dans l’esprit de celui déjà positionné sur le Site des Moulins de Chamboux.

 

 

Il est permis de s’étonner du caractère inachevé de cette sauvegarde, aussi est-il important d’exposer les réflexions qui ont présidé à la réalisation de ces travaux.

  • Tout d’abord, ce double moulin à chanvre et à grains semble être un exemple unique, puisque le CAUE que nous avons interrogé n’a pas encorerépertorié à ce jour ce type de moulin siamois, à double usage.

    Il nous a, donc, semblé urgent d’intervenir avant qu’il ne ressemble plus qu’à une grosse ruine.

  • En le consolidant et en le laissant dans l’état dans lequel vous le voyez aujourd’hui, cela permettra à tout visiteur d’en saisir le plan, d’entrer dans les moulins, de voir très clairement les deux canaux d’amenée d’eau

  • En outre « La Pierre Levée » a déjà restauré sur la Commune deux autres moulins côte à côte dans un vallon près du village de Chamboux, l’un produit de la farine, l’autre de l’électricité.

    Ces moulins sont fermés puisqu’ils contiennent des mécanismes et du matériel.

    Nous les ouvrons et nous les faisons fonctionner à des dates fixées à l’avance mais souvent aussi à la demande de petits groupes ou de personnes isolées intéressées.

    Restaurer c’est entretenir une mémoire mais faire vivre des lieux pour des gens d’aujourd’hui, c’est mieux. Tout au moins c’est notre objectif.

 

Le Chanvre

 

Le chanvre, chanvre textile, chanvre industriel ou chanvre agricole est une variété de plante cultivée de la famille des Cannabaceae.

 C'est une plante annuelle, sélectionnée pour la taille de sa tige et sa faible teneur en THC ou autres cannabinoïdes à partir de l'espèce que les botanistes nomment le Chanvre cultivé ou Cannabis sativa  (sativa=cultivée en latin).

 Bien que désignant la même espèce botanique, le terme chanvre est désormais utilisé de préférence pour désigner la plante industrielle et sa fibre végétale, tandis que Cannabis est le nom scientifique utilisé aussi pour désigner la forme à effet psychotrope, à beaucoup plus forte teneur en THC.

Cette plante est connue depuis des milliers d’années.

Originaire d’Asie centrale elle  servait essentiellement à se vêtir, se nourrir et se soigner.

 Elle aurait été importée en Gaule environ 6 siècles avant l’ère chrétienne. Poussant à  toutes les altitudes et peu exigeante en eau, sa culture et son utilisation se sont rapidement répandues.

Elle a longtemps servi à la fabrication d’huile, de tissus, de cordages, de litières, du papier (la première bible imprimée par Gutenberg l’aurait été sur du chanvre).

Son usage a été détrôné par l’arrivée du coton des États-Unis au début du XX° siècle,  puis des fibres synthétiques à la fin de la seconde guerre mondiale.

 

Ce moulin, manifestement, servait à extraire les fibres de chanvre destinées au tissage de draps et tissus à usage domestique.

On n’utilisait, donc, que la tige donnant la chènevotte et la filasse.

Mais avant d’en arriver aux fils pour le tissage, le chanvre devait subir toute une série de préparations :

 

Le rouissage

Cette opération consistait à immerger les plants dans l’eau stagnante à proximité d’un ruisseau ou d’une source. Cette macération a pour but d’aider à séparer l’écorce filamenteuse de la tige.   Pour bien maintenir les plants dans l’eau, on les recouvrait avec des planches surmontées de pierres. Après trois semaines de rouissage, les bottes de chanvre étaient retirées et mises sous un abri pour être séchées à l’air

en attendant l’hiver.

 

Le teillage

Le teillage était l’une des activités hivernales qui occupaient les veillées. L’opération consistait dans le fait de casser la tige afin de séparer l’écorce de la tige car c’est uniquement l’écorce qui allait être utilisée. Dans une civilisation qui savait tirer parti de tout, l’on ne jetait pas pour autant les tiges. Elles étaient attachées par petits paquets qui servaient à allumer le feu. Ce résidu s’appelle la chénevotte

 

Ce travail était pénible. Il dégageait beaucoup de poussière et nécessitait une bonne agilité digitale. D’aucuns préféraient travailler avec un brise-chanvre ou casse-chanvre. Cet instrument est constitué de quatre lames en bois fixes qui sont supportés par deux montants et trois lames mobiles qui viennent s’imbriquer entre les lames fixes lorsqu’on les actionne. C’est donc une mâchoire de bois dont le système mobile vient broyer le bois des tiges de chanvre.
 

Le peignage


Les fibres ainsi obtenues avaient besoin d’être nettoyées des derniers bouts de bois et d’être affinées. L’on faisait cela en les passant sur un grand peigne métallique soutenu sur une planchette. On utilisait plusieurs peignes avec des dents de plus en plus resserrées qui permettaient ainsi d’arriver à des fibres beaucoup plus fines.